Le 5 avril dernier, l'équipe municipale accueillait les jeunes électeurs Vénissians. 470 jeunes majeurs ont automatiquement été inscrits sur les listes électorales de la commune. Cette cérémonie était l'occasion de leur rappeler toute l'importance du droit de vote.
"Madame le maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs
Le 6 mai dernier, un vent d’espoir et de changement s’est levé avec l’élection de François Hollande à la
Présidence de la République, après 17 ans où le pouvoir était aux mains de la droite.
Après des discours très violents, où les différences étaient stigmatisées, c’est le retour tant attendu de
la modération et de l’humanité. Vous venez d’avoir 18 ans, vous serez les acteurs majeurs de ce changement.
18
ans. C’est l’âge de la majorité en France. C’est l’âge des
responsabilités, de l’autonomie. Vous avez
des droits et des devoirs, en tant que citoyen de la République.
Parmi ces droits, le droit de vote. Ne vous trompez pas : c’est un droit
important, il est le garant de notre démocratie et
de notre liberté.
Certains, ici, en France, n’ont pas la chance d’avoir ce droit.
Il
s’agit des étrangers non communautaires, qui sont laissés à la porte de
la démocratie alors qu’ils
vivent en France, y travaillent et construisent l’avenir de notre
pays. Ils sont privés d’un droit élémentaire : celui de s’exprimer par
les urnes et de choisir celles et ceux qui les
gouvernent.
Je
vous rappelle les paroles d’Harlem Désir en
1989, à l’époque président de SOS RACISME, devant le conseil de
l’Europe, 3 ans avant que les ressortissants européens n’obtiennent le
droit de vote aux élections locales.
« Pour
nous ce n'est pas suffisant, ce ne peut être qu'une étape,
l'objectif est que tous les étrangers peuvent être associés à la vie
démocratique au travers des élections municipales. D'ailleurs, je note
que dans tous les pays européens (12 États membres), où
le droit de vote a été donné aux étrangers : Danemark, Hollande et
Irlande, ce sont tous les étrangers qui en bénéficient.
Il
ne faudrait pas qu’il y ait de bons immigrés européens et de mauvais
immigrés non européens, car cela rejetterai encore plus dans la
marginalisation la masse des immigrés venus du tiers monde et qui
pourtant doivent être intégrés..../... Il faut créer une
citoyenneté européenne qui ne soit pas euro-chauviniste mais qui
soit véritablement démocratique..."
Aujourd'hui premier secrétaire du parti socialiste, Harlem Désir, est le mieux placé pour impulser une
dynamique gouvernementale sur l'engagement pris par François Hollande, lors de sa campagne présidentielle:
"Moi président, je donnerai le droit de vote aux étrangers, non communautaires aux élections
locales."
Le sénat et l'assemblée nationale sont à gauche, rien ne pourrait compromettre la mise en place de cet
engagement, rien sauf l'absence de volonté politique!
Il
est grand temps d’ouvrir les portes aux immigrés non européens et de
leur accorder le droit de vote aux
élections locales, comme l’a promis François Hollande dans son
engagement n°50. Pour cela il ne manque plus qu’à convaincre 30
parlementaires du centre et pourquoi pas de la droite
républicaine.
Si
cette promesse, née de « la marche pour l’égalité » appelée à tort « la
marche des
« beurs » qui fête cette année ses 30 ans et qui avait débuté à
Vénissieux, n’est pas encore tenue c’est peut-être parce qu’il manque la
mobilisation des forces populaires. Il manque
notre mobilisation à tous comme en 1983, lorsque la jeunesse de
France est partie des Minguettes, de Marseille et d’ailleurs pour
rejoindre Paris et l’Elysée.
Il
manque la force de ceux qui sont favorables aux droits de vote des
étrangers, ceux qui sont pour la
justice et l’équité, face à ceux qui prétextent la montée des
extrêmes et le vote communautariste, pour ne pas donner le droit de vote
aux étrangers non européens. C’est une erreur, un petit
calcul politicien enrobé de xénophobie mais surtout une
discrimination flagrante envers une population d’immigrés qui a
largement contribué à construire la France.
Oui
c’est une discrimination que de laisser à la marge cette population,
c’est une discrimination et une
inégalité de traitement, qui nous rappelle l’histoire de la France
coloniale celle qui différenciait les individus entre eux, comme en 1830
en Algérie.
Le 5 Juillet 1830, en Algérie, lors du traité de capitulation signé par le bey d'Alger, la France
s'engageait solennellement « à ne pas porter atteinte à la liberté des habitants de toutes classes et à leur religion ».
En pratique, les habitants de l'Algérie, les indigènes comme on
les appelait, étaient régis par un statut particulier et distinct
selon qu'ils soient juifs ou musulmans, mais ils n’étaient pas français.
Ne
pas accorder ce droit de vote est dangereux pour notre démocratie.
Souvenons nous de la France de 1940,
celle de Vichy, de Pétain et Laval, car c’est bien par l’absence de
l’expression du peuple que les extrémistes sont arrivés au pouvoir.
Par
peur des nazis, le parlement avait confié le pouvoir à un seul homme,
après l’invasion de la France par
les Allemands. Dès son arrivée au gouvernement transitoire, le
maréchal Pétain se présente comme le sauveur de la France et se lance
dans une politique ouvertement collaborationniste en faveur de
l’ennemi et contre le peuple français.
Pétain
met fin à la IIIe République. Le Parlement n’est plus rassemblé,
l’opposition est interdite
d’exercice, la censure est mise en place. Toutes les libertés
individuelles et collectives sont abolies : égalité, le droit de vote,
la liberté d’expression, de déplacement, de manifester, de
grève, de syndicat... « Liberté, Egalité, Fraternité » sont
désormais remplacés par « Travail, Famille et Patrie », ordre et
discipline.
Le corporatisme est mis en place, quant à la place de la femme, elle se trouve être au foyer. Cette
discrimination envers les femmes n’arrivera à son terme que le 23 mars 1944, par une ordonnance du Général de Gaulle qui prévoit le vote des femmes et
leur éligibilité dans les mêmes conditions que les hommes.
Stéphane
Hessel, ce résistant de la première heure, ce défenseur des libertés
qui a largement contribué à
l’écriture de la déclaration universelle des droits de l’homme, nous
donnait encore des leçons de vie, de courage et de résistance.
Il nous a laissé un précieux héritage, sa mémoire et un message qui est celui de l’indignation par la
non-violence, mais surtout celui de l’action par notre engagement après l’indignation…
Il
faut s’attaquer à des réformes de fond et de pensées qui doivent
accompagner une réforme de la société
et une réforme de l’économie. Les systèmes politiques, syndicaux,
associatifs permettent le changement à condition de les intégrer et d’en
faire un outil pour l’intérêt de la société en général
et plus particulièrement pour les générations futures.
J’ai souhaité vous rappeler quelques passages de l’histoire de notre pays pour que nous ayons conscience du
pouvoir que nous avons entre les mains grâce à notre carte d’électeur.
Vous
tous, ici présents, reflétez la diversité de notre commune, filles et
garçons de tous horizons. Cette
diversité ne se retrouve pas dans les allées du Parlement. Malgré
des mesures et des lois, en faveur de la parité hommes-femmes notamment,
l’assemblée nationale et le sénat sont tristement
masculins. Il vous appartient de changer cet état de fait. En
votant, en vous engageant dans la vie associative, syndicale ou
politique, vous pourrez et nous pourrons, ensemble, construire un
pays plus juste et plus éclairé.
Prenez soin de ce droit nouveau pour vous. Grâce à lui, vous deviendrez les décideurs économiques et
politiques de notre pays, vous avez votre mot à dire sur la façon dont nous sommes gouvernés.
Ne laissez personne décider à votre place : votez.
Je vous remercie de votre présence."